Conteur passionné, Jean-Michel Bertrand partage avec nous son amour pour les splendides vallées du parc des Ecrins dans lesquelles il traque le loup, de retour dans la région suite à sa réintroduction dans les Alpes italiennes. Si son journal de bord lui sert à noter l’évolution de ses ressentis au cours de différentes étapes d’une quête s’étalant sur plusieurs années, ainsi qu’à planifier sa stratégie, sa caméra lui permet de capturer les beautés naturelles qui récompensent le randonneur montagnard. Pour cet explorateur obstiné, la quête du loup pour laquelle il se coupe de tout le reste pendant des mois est une façon de se replonger en enfance, lorsqu’il s’imaginait vagabonder dans la forêt magique de Tolkien, et par là même d’ « enrichir ses rêves » d’adulte. Pour nous spectateur, ce film-confession est l’occasion de voir à l’œuvre l’esprit d’observation et de déduction d’un drôle de Sherlock Holmes, mais aussi de comprendre la sérénité que l’on peut ressentir « loin de la fureur du monde ». Par son humilité devant la nature, Jean-Michel Bertrand se fait l’attachant héraut d’une sagesse désuète. S’il partage avec nous son admiration pour la vallée qu’il aime, c’est ainsi paradoxalement pour mieux nous convaincre de la nécessité de la garder secrète pour le bien de l’animal qui le fascine. La vallée des loups transmet magnifiquement le message.

F.L.