Tout sauf terre à terre, L’effet aquatique nous plonge dans des microcosmes fabuleux. Tout commence à la piscine de Montreuil, où chaque membre du personnel est à sa façon bien azimuté. Il y a la bonne pâte à l’accent belge surréaliste, la dragueur invétéré, la mateuse et surtout Agathe (Florence Loiret-Caille, joli mélange de fragilité et de détermination), la veuve revêche qui ne mâche pas ses mots. Samir (Samir Guesmi, trombine charismatique) y a pris un abonnement dans l’espoir de la revoir, depuis que son caractère bien trempé l’a fait chavirer. Lunaire, ce grutier va agir sans plan précis, en se laissant voguer au gré des événements. Dans cet espace hors du temps, avec ses lignes, ses courbes et ses rayons de soleil se mirant dans l’eau magnifiés par la caméra de Solveig Anspach, une bulle de romantisme échevelé est possible, loin des dragues libidineuses de comptoir et de la grisaille des HLM montreuillois. Tout continue en Islande, où Samir suit Agathe au congrès international des maîtres-nageurs. Ce micro-état est lui aussi peuplé de personnages hauts en couleur, à commencer par les conseillers municipaux de la capitale qui semblent avoir été recrutés dans un groupe de rock’n’roll. L’omniprésence de l’eau, celle des piscines où l’on se rend pour discuter avec ses amis comme celle des sources chaudes, est propice à la pacification, voire aux renaissances. Frappé d’amnésie, Samir va avoir cette chance improbable de tout revivre pour la première fois. Achevant son travail de deuil, Agathe va accepter de commencer une nouvelle histoire. Si tout ne tient qu’à la façon dont on s’attache, leur apprivoisement mutuel, tout de pudeur et de délicatesse, promet une relation des plus fluides. 

F.L.