Le réalisateur suit un groupe de villageois birmans de l’ethnie Ta’ang qui ont fui leur pays en proie à la guerre civile et qui ont trouvé refuge en Chine de l’autre côté de la frontière.

Nous suivons donc ces gens désorientés, partis dans l’urgence sans même avoir eu le temps de prendre le minimum (couverture, nourriture) et totalement dépassés par une guerre dont ils attendent la fin. Rentrer chez eux, reprendre leur vie normale de villageois est en effet leur unique objectif.

La maîtrise cinématographique de Wang Bing nous permet ces quelques moments d’empathie avec ces êtres déracinés par un conflit qui les dépasse. Pas de voix off, pas de commentaire, juste une caméra qui observe des relations humaines.

On les voit guettant le bruit du canon, se disputant pour connaître la meilleure stratégie pour leur survie.

On les voit téléphoner pour prendre des nouvelles de leurs proches, ayant été séparés par l’arrivée des combats, construire des abris de fortune avec des bâches et des bambous, faire cuire et se répartir la nourriture qui leur a été distribuée quand ils sont arrivés dans des camps de réfugiés, travailler dans les champs de canne pour gagner les quelques yuans qui leur permettront de payer le bus pour aller un peu plus loin dans une ville où ils trouveront peut-être de meilleures conditions de vie.

On les voit la nuit réunis autour d’un feu, fatigués de leur journée, les mères se préoccupant du sommeil de leurs enfants.

Le réalisateur filme beaucoup de femmes, d’enfants, de personnes âgées, les hommes étant parfois restés sur place garder leur maison, ou dans un ailleurs non précisé.

Le spectateur se glisse donc dans le quotidien de ces gens pendant deux heures et demi accrochant son regard aux images proposées par réalisateur, sans connaître les enjeux de ce conflit, en en visualisant seulement les conséquences sur ces personnes issues d’un peuple et d’une culture qui est loin de lui être familière.

L.S.