Péchant par cupidité, un meunier livre sa fille au Diable en échange de tout l’or du monde. Celui-ci ne réussit pourtant jamais à corrompre la jeune fille, trop pure pour être touchée par des mains sataniques, trop éprise de liberté pour se résigner à la servitude. Si la jeune fille perd ses mains dans la bataille, elle ne perd jamais son intégrité morale. Ne pouvant plus compter que sur elle-même, elle trace alors son propre chemin à la force de ses moignons.

Inspiré d’un conte des frères Grimm, La jeune fille sans mains ne débouche sur la lumière qu’après maintes épreuves cruelles. Cela n’empêche pas Sébastien Laudenbach de nous illuminer graphiquement du premier au dernier plan, qu’il a intégralement peints à la main, dans un style proche de l’estampe, tout en contours et suggestions de formes. Cette inspiration orientale se ressent également dans l’animisme de son univers. Les esprits bienveillants et malveillants que l’héroïne croise sur sa route s’incarnent ou se métamorphosent en éléments naturels. Pour s’en sortir dans un univers où les hommes l’ont trahie, c’est aussi dans la nature, généreusement féconde, qu’elle trouve son salut. Un apologue plein de justesse et d’une beauté formelle ébouriffante.

Florine Lebris