Si parler d’argent est vulgaire lorsque l’on est amoureux, la séparation est l’occasion d’un règlement de comptes dans tous les sens du terme. Lorsque Boris et Marie se séparent, le conflit de classe vient se surajouter au conflit relationnel. Elle est propriétaire de la maison dans laquelle ils vivent depuis 10 ans et exige de lui qu’il prenne un appartement pour la quitter alors qu’il est au chômage et sans patrimoine. Il revendique une part de la maison en raison de la sueur qu’il y a laissé en faisant des travaux, et lui renvoie dans la figure sa condition bourgeoise en lui demandant si elle comprend ce qu’est la valeur travail dans le capital. Depuis que la sentence est tombée et que Boris est ramené à sa condition d’origine, la moindre discussion est envenimée. La cohabitation devient de plus en plus insoutenable pour la jeune femme qui tient à garder la tête froide malgré sa tristesse pour ne pas céder à la pression de son mari. Retors, celui-ci instrumentalise leurs fillettes en jouant tout d’un coup au père modèle et leur mettant dans la tête que la séparation n’est pas inéluctable…

Après le tragique A perdre la raison, Joachim Lafosse filme un nouveau huis-clos familial dans lequel le bonheur initial et innocent d’un couple tourne à l’étouffement. Avec ses dialogues percutants signés Mazarine Pingeot et Fanny Burdino, son hyperdécoupage tranchant et ses comédiens très convaincants (Cédric Kahn, tout en désinvolture, et Bérénice Béjo, à fleur de peau), L’économie du couple est une belle récidive dans le drame réaliste terriblement efficace.

F.L.