Bora quitte la campagne cambodgienne pour les lumières de la capitale. Pour 150$ par mois, il travaille sur les chantiers de Diamond island, futur quartier hypermoderne constitué d’appartements de luxe dont les clips promotionnels vantent « l’architecture européenne, pour un standard de vie paradisiaque ». Un soir, il retrouve son grand frère Solei, qui lui apprend être financé par un mécène américain. Bora se met alors à rêver d’Amérique...

Diamond island filme bien la mécanique du désir sur laquelle fonctionne le Cambodge ouvert à l’économie de marché. Les jeunes Cambodgiens que Davy Chou met en scène sont fascinés par le quartier à l’occidental qu’ils font sortir de terre. Cette ‘’île de diamant’’ cristallise leurs fantasmes d’un ailleurs où tout serait possible. Néanmoins, elle est aussi le reflet d’un monde consumériste où il est nécessaire d’avoir une moto ou le dernier iPhone pour attirer l’attention d’une fille. En les filmant d’un point de vue quasi éthologique, le réalisateur porte un regard humoristique sur les rituels de séduction auxquels s’adonnent les adolescents lors de leurs errances nocturnes. Dans la même optique, résolu à traiter son sujet avec plus de légèreté que d’apitoiement, il mise sur une esthétique qui donne la part belle aux couleurs vives. Cela lui permet de garder quelques notes plus sombres pour la lame de fond. Au-delà de sa surface clinquante, Diamond island montre ainsi que le triomphe de l’American way of life a pour corollaire l’ensevelissement de la culture khmère sous la poussière des nouvelles constructions.

Florine Lebris