Au cœur des bidonvilles de Manille, Rosa tient une petite boutique. Pour mettre un peu d’épices dans le riz de ses quatre enfants, elle vend également de la méthamphétamine. Un soir, la police débarque et l'arrête, elle et son mari.

Ma’Rosa est la radiographie d’une nation dans laquelle l’état de droit n’existe qu’à l’état de simulacre. Suivant son héroïne avec sa caméra à l’épaule, Brillante Mendoza filme les rues de Manille et surtout son commissariat de façon ultra-réaliste. Les policiers y abusent sans vergogne du monopole de la violence légitime, aucune autorité au-dessus d’eux ne venant limiter leurs pulsions sadiques. A travers l’histoire d’une famille prise au piège des délations en chaîne, le réalisateur montre comment la corruption d’un échelon de la société se propage rapidement à l’ensemble de la population. En effet, pour trouver les sommes astronomiques que les policiers leur réclament, les citoyens honnêtes ne peuvent pas le rester, forcés de se dénoncer entre eux ou de capter l’argent rapide d’un trafic quelconque. Faible consolation, les Philippins peuvent heureusement encore compter sur la solidarité mécanique qui découle de la persistance d’un mode de vie communautaire ; ainsi, l’absence d’une instance supérieure pour protéger les individus est compensée par une forte entraide entre les proches.

F.L.