Le docteur Romeo Aldea (Adrian Titieni, déjà vu dans Illégitime cette année) a fait le choix de rester vivre en Roumanie afin d’y faire bouger les choses de l’intérieur. Vingt ans plus tard, il constate douloureusement que son pays est toujours aussi corrompu et rêve que sa fille puisse jouir de conditions de vie meilleures. Pour les lui garantir, pour la première fois, cet idéaliste est prêt à faire des concessions sur ses principes.

Baccalauréat pose la question du choix moral en montrant comment la première compromission en amène d’autres, entraînant un cercle vicieux. En effet, le protagoniste se rend coupable du fameux phénomène expliquant la lenteur du progrès social par la réticence des individus à sacrifier un peu de leur confort pour le bien commun, le NIMBY (« Not In My Back Yard »), qui s’appliquerait ici davantage sous la forme « Pas pour mes enfants ». L’idéal de mixité sociale, qui nécessite que les couches sociales les plus aisées se retiennent de se regrouper dans des ghettos de riches ou de mettre leurs enfants dans des écoles privées, ne résiste souvent pas à la réalité. Doit-on sacrifier l’avenir de ses enfants sur l’autel de ses idéaux ? Comment les convaincre de faire une entorse aux principes qu’on leur a transmis et qui sont devenus les leurs ? Cristian Mungiu réussit un film d’autant plus stimulant qu’il n’est pas manichéen.

F.L.