Le réalisateur Thomas Vinterberg nous a habitués à des films qui bousculent le spectateur et ce dernier né du cinéaste danois ne déroge pas à la règle.

Si le thème de La communauté est a priori moins grave que celui de Festen le propos n’en est pas moins aussi dérangeant. En effet ce film traite de la toxicité d’un individu, Erik (interprété par Ulrich Thomsen), et de sa capacité de nuisance sur son entourage proche ainsi que sur ce groupe auquel il adhère forcément par défaut. Encore une fois, Vinterberg s’interroge sur le comment du vivre ensemble et des sacrifices que cela implique pour son propre confort psychologique.

Erik, professeur à l’université, hérite d’une très grande demeure familiale. N’ayant pas les moyens de l’entretenir et d’y vivre, son épouse le convainc de recruter des colocataires. De cette volonté de mutualisation va donc naître cette communauté, paradigme que Vinterberg va travailler en le confrontant aux réactions de son personnage principal. Ce dernier qui semble doté d’une personnalité faible et influençable pour mieux cacher son caractère odieusement égocentrique fera éclater couple et collectivité par son absence de recherche de compromis. Enferré dans une posture de résistance passive, pratiquant l’échappée systématique face aux problèmes qui auraient dû être traités en face, il entraîne avec lui sa femme Anna, (interprétée par Trine Dyrholm) et sa maîtresse Emma (interprétée par Helene Reingaard Neumann) dont les jeux très fins portent admirablement le film.

Mais ce que nous montre La communauté, ce n’est pas tant la dénonciation de ce personnage abject que la faiblesse et/ou l’aveuglement de ceux qui l’entourent et par ricochet de nous-mêmes spectateurs. Cette sensation de malaise diffus au visionnage du film est symptomatique du travail de Vinterberg qui pointe ainsi du doigt le manque de lucidité de l’être humain, si facilement aveuglé par de bons sentiments qui l’empêchent d’avoir un regard objectif sur les relations humaines.

Cependant, il est difficile d’enfermer le film dans une seule vision et il y a la place pour des interprétations multiples en fonction de ce que le spectateur désirera y voir ou ne pas y voir.

Un film donc à regarder les yeux grands ouverts.

L.S.