Traversant une période noire, un jeune garçon à l’âme artiste convoque toutes les nuits un monstre conteur d’histoires qui lui apprend à dompter sa colère et sa peur.

Quelques minutes après minuit pâtit des défauts classiques du blockbuster américain : les acteurs ont tendance à surjouer, accentuant désagréablement le pathétique des situations ; l’emploi d’effets spéciaux pour figurer le conteur géant conduit à des scènes d’interaction très artificielles. Néanmoins, ces quelques faiblesses de mise en scène sont largement compensées par la richesse du scénario. Le réalisateur de L’Orphelinat enchâsse en effet, à l’intérieur d’une histoire-cadre se déroulant dans le monde réel, des épisodes fantasmagoriques au sein desquels le jeune protagoniste s’entretient avec un monstre qui à son tour lui raconte des histoires. Ce troisième niveau diégétique, matérialisé à l’écran par l’incursion de séquences d’animation à l’esthétique aquarelliste très réussie, constitue la valeur ajoutée du film. En effet, les personnages y sont si peu monolithiques qu’il devient impossible de les faire entrer dans des catégories aussi restrictives que « bons » ou « méchants ». Chacune des histoires débouche ainsi sur une discussion didactique qui permet au monstre de complexifier la vision en noir et blanc que l’enfant se fait encore du monde et des êtres. De plus, l’existence d’un effet de miroir entre les épreuves que traverse le jeune garçon dans la vie réelle et celles qu’affrontent les héros qu’invoque le conteur donne au film une dimension méta-narrative passionnante. Quelques minutes après minuit évoque ainsi en filigrane la raison pour laquelle nous nous racontons des histoires, et suggère que les archétypes des contes nous aident à transcender notre peur de la mort en nous remémorant l’évidence de l’éternel retour de la vie.

F.L.