Alors qu’une loi impose aux possesseurs de chiens bâtards de les déclarer et de payer une taxe, la majorité des habitants décident d’abandonner leurs animaux. Lili, une jeune fille se voit contrainte par son père d’abandonner Hagen, un croisé. Commence alors pour ce dernier un véritable chemin de croix, perdu dans un monde gangréné par la folie des hommes.

 

Le réalisateur raconte que l’idée du scénario est arrivée lorsqu’il s’est retrouvé face à un chien dans une cage. De cette situation hautement symbolique quant à la place que s’octroie l’homme, le réalisateur Hongrois en a tiré une parabole pour parler des exclus et des minorités. White God est donc à prendre comme une allégorie, l’éventualité d’une tragédie annoncée si l’homme ne retrouve pas un peu de bonté.

Voilà en substance le propos du film, plutôt simpliste, mais très efficace puisque sa démarche jusqu’au-boutiste est justement son point fort. Et même s’il n’échappe pas à certains écueils démonstratifs et à une utilisation du genre un peu basique, même s’il est beaucoup moins marquant qu’un Mother, avec qui il partage pourtant un certain manichéisme radical comme vecteur du message, le film réussit parfaitement à toucher au but.

Tout juste abandonné de force, Hagen va connaître un parcours des plus terribles jalonné par des hommes à la bassesse la plus crasse. Constamment en danger, le croisé labrador tente de survivre avec ses compagnons de fortune tandis que la fourrière sévit et rafle à tout va. Le film adopte donc majoritairement le point de vue de Hagen et place ouvertement l’humanité du côté des chiens, beaucoup plus humains que ses « maîtres », les « Dieux » du titre. La logique scénaristique est poussée jusqu’au bout puisqu’aucun personnage positif n’est dessiné chez les hommes, à l’exception de Lili, une gamine un peu paumée en conflit avec l’autorité.

Avec un anthropomorphisme saisissant et dérangeant parfois, Kornél Mundruczó livre une fable efficace et très bien mise en scène mais qui n’échappe pas à certaines lourdeurs. Pourtant, la "sur-dramatisation" de certains passages qui parlent pourtant d’eux-mêmes n’empêche pas le film d’offrir de très belles séquences (l’ouverture et la fin notamment), des beaux tableaux qui saisissent le spectateur et interrogent sur l’avenir de l’homme.

Vénérable Wade