Pendant ses longues missions en mer, le capitaine Vicks confie son fils Morten à une femme bien plus vénale que maternelle, Annabelle. A l'occasion d'un passage à terre de son père, l'enfant surprend la virago complotant avec d'autres individus peu fréquentables pour s'emparer du navire du capitaine Vicks où elle espère trouver un trésor de pirates. Alors qu'il compte déjouer cet odieux complot pour gagner l'estime de son père trop souvent absent et le droit de l'accompagner en mer, le petit garçon se retrouve malencontreusement miniaturisé et continue sa lutte dans le monde des insectes. 

   Evacuons d'emblée le pire. Fruits du premier exercice de stop-motion de l'animateur estonien Kaspar Jancis, les mouvements des marionnettes de Capitaine Morten et la reine des araignées souffrent d'un manque criant de fluidité. Néanmoins, une fois habitué aux saccades des personnages, l'œil a de quoi se régaler car la faiblesse de l'animation est amplement compensée par la beauté de la confection plastique des marionnettes, comme de l'agencement et de la mise en valeur des décors. Le sens du détail à tous les niveaux de profondeur de champ incite le regard du spectateur à voyager à l'intérieur des nombreux tableaux du film pour trouver les perles de poésie que le réalisateur y a disséminées ça et là.

   Sur le fond, Capitaine Morten et la reine des araignées s'inspire de La nef des fous, roman allégorique du XVème siècle dans lequel sont recensés les différents types de folie associés aux différents caractères humains. En effet, les insectes qu'affronte Morten  incarnent autant de défauts contre lesquels le petit homme se construit pour mériter le titre de « capitaine », en y opposant les valeurs de courage et de solidarité transmises par son père. Conte initiatique à destination des 6-10 ans, le premier long-métrage de Kaspar Jancis saura, on l'espère, conquérir son public par sa richesse visuelle et son intérêt pédagogique.


F.L.