Pour éviter la prison, un entraîneur de basket égocentrique et irascible (Javier Gutiérrez), en rupture de communication avec sa femme (Athenea Mata), se voit forcer d'accomplir des travaux d'intérêt général dans un club d'adultes handicapés mentaux. A leur contact, il évolue...

   Champions évite habilement le paternalisme comme la démagogie, en cherchant moins à nous démontrer que les handicapés sont des êtres humains comme les autres qu'à nous faire réfléchir sur la multiplicité des handicaps invisibles qui sont finalement peut-être la chose la mieux partagée au monde.

La bonne idée du réalisateur et de son co-scénariste David Marqués est de créer une situation où les rôles de dominant et de marginaux s'inversent : c'est le protagoniste valide qui se retrouve élément extérieur, forcé de s'adapter à un groupe déjà constitué potentiellement excluant. Cet être hypernormatif, et au premier abord détestable, est campé par Javier Gutiérrez, récompensé du Goya du meilleur acteur pour son rôle dans La isla minima. Espérons que sa présence au casting permettra au plus grand nombre d'oser sortir de ses sentiers cinématographiques battus pour que Champions ne soit pas cantonné dans une sorte de ''paracinéma", dont ne profiteraient que les spectateurs sensibilisés à la question des minorités invisibles. Le nouveau film de Javier Fesser joue également la carte de l'accessibilité en enchaînant les gags à un rythme soutenu, tout en alimentant le suspense quant à la résolution des deux principales intrigues parallèles, grâce à un montage dynamique tout à fait pertinent.

   Mais ce qui séduit sans doute le plus, c'est le refus de toute posture bienpensante du réalisateur qui n'hésite pas à user de la même férocité pour transformer les handicaps du supposé valide et des déficients intellectuels en éléments de comédie. Ce faisant, il nous comble pendant deux heures qu'on ne voit pas passer, tant on rit d'abord, tant on est ému ensuite, par cet excellent divertissement qui fait du bien au moral sans nous faire la morale.

F.L.