A Medellín, deuxième ville de Colombie, Pipa, Camilo, Ana, Manu et El Mechas se préparent à prendre la clé des champs pour élargir leurs horizons et goûter aux joies de la vie nomade.

   Avec sa succession de plans fixes en noir et blanc capturant les Medellinense dans les différentes parties de la ville qu’ils arpentent, Los nadie évoque ce que pourrait être l’œuvre photographique d’un Doisneau colombien. Cette forme, que le réalisateur Juan Sebastián Mesa a sciemment choisie pour permettre que l’on se focalise davantage sur ses personnages que sur les nombreuses couleurs de l’urbanisme de Medellín, transmue les cinq adolescents ordinaires qu’il filme en sublimes héros d’une odyssée à venir. Pour autant, Los nadie ne se résume pas à une esthétique invitation au voyage. Juan Sebastián Mesa assume au contraire totalement la charge politique de son film existentiel, qu’il exprime en filmant les spectacles de rue que ses personnages produisent ou auxquels ils assistent. Véritable manifeste libertaire opposant la vie buissonnière aux existences médiocres des adultes installés, Los nadie est une perle noire et blanche de culture punk.

F.L.