Allemagne, avril 1945. Un soldat allemand de la Wehrmacht en déroute endosse le rôle d’un liquidateur. Il sera « Le Capitaine ». The Captain - L’usurpateur de Robert Schwentke est un film complexe et dérangeant sur un sujet tout aussi complexe et qui s’adresse à des spectateurs avertis.

The Captain est un film sur le mal. Mais à rebours d’un Konchalosky qui dans son dernier film, Paradis, illustrerait plutôt la théorie de la banalité du mal de Hannah Ahrendt, Robert Schwentke va suivre celui qui dans son film en sera l’origine. Chez Hannah Ahrendt, le tâcheron fait le mal quand la petite tâche qu’il accomplit est un des rouages d’un mal plus grand, même si a priori il n’y a rien d’intrinsèquement répréhensible dans son acte. Dans The Captain, Willi Herold ( "Le Capitaine" magnifiquement inteprété par Max Hubacher) fait le mal en tout état de cause. Il l’organise et le propage. Il fait le mal car il a décidé qu’il en serait ainsi et qu’il refuse de réfléchir aux conséquences morales de sa décision. Pourtant il ne s’agit pas non plus de la république de Salo filmée par Pasolini. Willi Herold n’est pas un sadique. Il ne cherche pas la souffrance d’autrui. Ce qui l’importe c’est sa survie qui passe par le mensonge qu’il a fabriqué pour survivre.

Ce que l'on comprend en visionnant The Captain c’est que des gens amoraux peuvent, ici dans un contexte particulier, justifier leurs actes et entrainer d’autres vers les objectifs qu’ils se sont fixés. Et que les seuls garde-fous ne sont plus les règles et la loi mais bien la morale.

L.S.