En 1969, l’album Tommy des Who a révolutionné la musique en s’inspirant de l’opéra classique pour créer une œuvre de presque une heure et vingt minutes racontant le périple d’un gamin traumatisé qui deviendra un nouveau messie. La rencontre en 1975 entre le groupe culte et le cinéaste irrévérencieux Ken Russell, spécialiste des biopics sur de grands musiciens classiques semblait évidente. En effet, la filmographie de Russell compte beaucoup d’oeuvres autour de la musique qui ont fait scandale par leurs choix stylistiques résolument pop et leur volonté de démystifier des figures telles que celle de Tchaïkovsky sur Music Lovers.

Son Tommy est une œuvre folle, baroque qui comme à son habitude en profite pour s’attaquer à la religion comme dans son très subversif The Devils. Grâce à l’interprétation énergique de Roger Daltrey, il dénonce le statut de rock star et la soumission des fans. De plus, le film est porté par une bande originale de haute volée qui a évolué par rapport à l’album original de 1969 avec l’intégration de claviers et de nouvelles versions des chansons interprétées par les acteurs du film comme Elton John ou Tina Turner.

Couleurs outrancières, montage extrêmement rythmé, Russell créé un maelstrom d’images qui annoncent le vidéo-clip.  Quand on voit le film 40 ans après sa sortie, on reste fasciné par la maîtrise technique de l’ensemble et le sens de l’humour du cinéaste qui s’illustre à travers une galerie de personnages outranciers comme l’oncle un peu pervers joué par le batteur des Who : Keith Moon.

Toute sa carrière, les critiques ont tiré à boulets rouges sur Russell en raison de ses outrances. C’est pourtant son goût pour la grandiloquence et son caractère passionné qui lui ont permis de créer une oeuvre aussi essentielle que Tommy.

Un magnifique témoignage sur le rock des années 60 et 70 à voir et à revoir.

Mad Will