Djam est un film magnifique. Tony Gatlif, le réalisateur, est un homme qui aime la vie et cela se ressent dans son dernier opus qui trace le portrait de la jeune fille rayonnante qui donne son nom au titre du film. Le cinéaste déclare avoir longtemps cherché son interprète (Daphné Patakia), sage décision au regard du merveilleux résultat.

Djam est grecque, elle habite dans l’île de Lesbos avec son beau-père qui lui confie une mission : faire fabriquer auprès d’un artisan turc à Istanbul une bielle pour réparer le moteur du navire familial.

Ce périple nous confronte aux difficiles conditions de vie des Grecs et en creux, par allusions, à celles encore plus difficiles des migrants. Pour autant, le spectateur reste enchanté par ce film magnifique, par cet hymne à la joie, au bonheur et à la musique. En effet, son personnage principal symbolise la liberté, la vérité, la spontanéité, et l’on se régale à voir son goût de vivre s’exprimer.

Tout à l’opposé est Avril (Marine Cayon), une jeune fille que Djam croise à son arrivée en Turquie. Personnage mystérieux, elle semble ne pas dire toute la vérité sur ses motivations. Elle paraît alors vide et terne. On la laisserait volontiers seule avec ses mensonges et son côté à la fois calculateur et futile, tout à l’inverse de la générosité du personnage de Djam. Notre héroïne l’aidera financièrement mais surtout psychologiquement en lui faisant découvrir tout en spontanéité une part d’humanité certainement inconnue d’elle.

Concluons sur les paroles de cette chanson qu’entendent les deux filles dans un café où elles se sont arrêtées : « ils savent cacher leur chagrin et faire la fête ». Une belle leçon de vie venant de Grèce !

Laurent Schérer