Orphelin, Philip (Sam Claflin) a été élevé par son cousin Ambroise dans la campagne anglaise. Satisfaits par leur relation fusionnelle, les deux garçons se passent de femmes. Lorsque le jeune garçon part à la ville pour parfaire son éducation, son cousin en rencontre enfin une, Rachel (Rachel Weisz), dont il tombe éperdument amoureux et qu’il prend pour épouse. Sa santé se dégrade alors rapidement, au point qu’il prie bientôt Philip de venir l’extirper des griffes de sa femme, qu’il soupçonne de sorcellerie.

Arrivant après la bataille, le jeune homme, d’abord persuadé que Rachel a assassiné son cher cousin, est désarçonné lorsqu’il découvre en elle une délicieuse personne. Petit à petit, il succombe lui aussi à ses charmes.

   My cousin Rachel est l’adaptation d’un roman éponyme de Daphne du Maurier, écrivaine anglaise dont la tension psychologique des romans est si fameuse que le grand Alfred Hitchcock lui-même l’adapta à trois reprises (avec Jamaica Inn, Rebecca et Les oiseaux). Situant l’intrigue dans le milieu aristocratique anglais du début du XIXème siècle, Roger Michell, surtout connu pour son Coup de foudre à Notting Hill, s’évertue d’abord à en recréer le décor et les costumes, avec l’aide d’une équipe appliquée. Sur cette toile de fond d’une élégance so british, le réalisateur sud-africain se concentre ensuite sur l’essentiel : restituer toute la savoureuse ambiguïté du personnage de Rachel. Dans le rôle-clé, la douce Rachel Weisz campe une femme dont les habitudes mondaines lui permettent de séduire facilement tous ceux qu’elle rencontre par une culture et une courtoisie qui la placent a priori au-dessus de tout soupçon. Cette séduction est-elle ingénue ou calculée ? En raison des fortes sommes d’argent en jeu, des morts mystérieuses ayant frappé ses précédents maris et de son appétence pour les décoctions médicinales douteuses, l’entourage de Philip se pose sérieusement la question. L’insoluble question de la moralité de Rachel traduit l’ambivalence de l’effet que produit sur les hommes l’indépendance féminine. Entre la sanctification et le soupçon de sorcellerie, les consciences masculines oscillent d’un extrême à l’autre dans la confusion.

De la même façon, le lecteur ou le spectateur de My cousin Rachel est toujours piégé par les interprétations qu’il fait du savant enchaînement des indices contradictoires dont est tissé l’intrigue, traquant une vérité qui lui échappe toujours.  

F.L.