Un braquage, deux frères et le destin qui s’en mêle.

Good Time est une œuvre particulière. En effet, le film est à l’image de la carrière de son acteur principal Robert Pattinson, connu pour les superproductions vampiriques à destination des jeunes filles et qui devient petit à petit une icône du cinéma indépendant après avoir joué, entre autres, chez David Cronenberg.

Mélodrame, film d’action, réflexion sur la famille et finalement portrait peu flatteur des USA, Good Time est une création filmique multigenre, un maelstrom d’images qui se vit comme une expérience sensitive originale dans le cinéma contemporain.

À la différence de nombreux films indépendants qui s’appuient toujours sur la même mise en scène posée, estampillée « auteur » pour tenter de donner une profondeur à un scénario vide et ennuyeux (et après 10 jours à Deauville, le constat est toujours d’actualité), les frères Safdie proposent une autre voie, en reprenant à Hollywood son efficacité en termes de découpage, ici au service d’une histoire avant tout humaine.

D’un point de vue visuel, le film multiplie les plans tout en faisant preuve d’une lisibilité à toute épreuve quant à l’espace cinématographique représenté. La photographie est granuleuse et renforce l’expérience sensitive vécue devant le film. Enfin, on ne peut pas oublier la musique de Oneohtrix Point Never (Daniel Lopatin) , un concentré d’électronique réinventant avec bonheur les sons de clavier des années 80. Good Time avec son découpage trépidant en termes d’images s’avère une parabole de notre société où l’image sature notre existence à l’instar des néons envahissant chaque photogramme du film.

Pour autant les deux réalisateurs n’oublient pas de placer l’humain au centre de leur dispositif à travers le personnage de Connie Nikas, joué par Robert Pattinson. La voie qu'emprunte Connie pour aider son frère handicapé est une quête pour conserver son humanité.  Dans Good Time, chaque personnage tente en vain de se raccrocher à la cellule familiale ou aux amis pour ne jamais rester seul dans la jungle urbaine.

Le film tient de la tragédie grecque en mettant en scène un destin inexorable. Cette gradation devient alors une mécanique fascinante où chaque scène vient répondre à la suivante et construit de nouveaux enjeux qui rythment cette course implacable.

Porté par un Pattinson formidable en loser magnifique, Good Time est une œuvre qui correspond à la dimension d’art total du cinéma qui réunit en son sein la photographie, la musique, le théâtre…

L’un des films évènement de cette rentrée tout simplement !

 

Mad Will