En ce 24 décembre, je vous propose de revenir sur un film d’animation ! Mais pas n’importe lequel : Coraline d’Henry Selick

Coraline est une création étrange, reliquat d’une conception de l’œuvre jeunesse non soumise au diktat des marchands de jouets, à la bien-pensance des ligues parentales, où l’intelligence de l’enfant est finalement respectée et prise en compte. Mais pouvait-il en être autrement quand on a réalisé L'Étrange Noël de monsieur Jack (Non ce n’est pas Burton !) et James et la pêche géante et qu’on adapte un roman du papa de Sandman, le bien-nommé Neil Gaiman ?

Coraline est unique, véritable manifeste des peurs enfantines, le film émerveille autant qu’il terrorise en revenant à l’essence des contes. Depuis Blanche-Neige et les sept nains dans les années 30, la vision puritaine et conservatrice du grand Walt Disney a contaminé les œuvres enfantines.  Je vous invite donc à oublier les versions animées et relire les originaux de Grimm ou Perrault. On comprend alors combien les contes utilisent les peurs pour proposer des leçons de vie à la manière de Coraline !

Mais que raconte le film :

Coraline est une petite fille qui vient d'emménager avec ses parents dans une immense maison. Toujours débordés par leur travail, ses parents n'ont jamais le temps de s'occuper d'elle. En explorant sa nouvelle maison, Coraline découvre alors l'existence d'une porte conduisant à un monde parallèle, exacte réplique de sa propre vie, mais dans une version cependant nettement plus intrigante et intéressante.

Coraline est une variation autour d’Alice au pays de merveilles, où une petite fille se perd dans un monde qui obéit à tous ses désirs et qui semble parfait en apparence. Le film emprunte aussi à la mythologie celtique à travers les figures de fées maléfiques.

Ce long-métrage s’appuie sur le principe de l'exploration comme moteur de découverte du monde. C’est en scrutant sa maison que notre héroïne découvre un monde parallèle qui semble correspondre au moindre de ses désirs : des parents parfaits et attentionnés, des voisins qui se coupent en 4 pour elle… Grâce à son intelligence et son souhait de dépasser les faits elle découvrira les horribles secrets qui se cachent derrière ces mondes parallèles. La métaphore du bouton qui remplace les yeux dans le monde alternatif indique au jeune spectateur la nécessité d’avoir recours à l’imagination sans oublier le réel. La morale est presque psychanalytique, la névrose n’est-elle pas une forme de travestissement du réel pour faire tourne le monde exclusivement autour de soi ? Coraline compte des séquences véritablement effrayantes. Certains parents ont critiqué le film pour sa noirceur. Pour ma part, il faut faire confiance aux enfants qui sont beaucoup plus forts et clairvoyants que nombre d’adultes.

Dans Coraline, les auteurs apprennent à l’enfant à affronter et accepter le réel.

Le roman Coraline dont Selick propose ici l’adaptation venant d’histoires que Gaiman racontait à ses enfants. Coralinerevient à la quintessence du conte ancestral où les fées émerveillent, mais aussi peuvent vous terrifier.

D’un point de vue visuel, le film est une merveille en termes d’animation mixant les technologies de pointe et l’animation image par image pour créer un univers entre Ray Harryhausen (Jason et les Argonautes) et le studio Aardman (Wallace et Gromit)Les décors du film rappellent le cinéma expressionniste avec ses décors géométriques et biscornus saupoudrés d’un zeste de gothique Burtonien comme dans les scènes de forêt. Mais ici Selick dépasse le maître tant cet univers est d’une grande cohérence avec ce scénario qui nous fait passer du cauchemar au réel. Enfin, la musique mélancolique de Bruno Coulais participe à l’étrangeté de ce film d’animation. À noter une 3D très réussie qui rend le film encore plus immersif.

Classique méconnu. Je vous invite à redécouvrir de toute urgence le film sur Netlfix ! Joyeux noël et n’oublier pas que si le Père Noël existe, le Père Fouettard aussi !

Mad Will