BlacKkKlansman, la nouvelle comédie de Spike Lee récompensée à Cannes par le grand prix démarre fort au box-office et à juste titre.

Si le cinéaste reprend les ficelles de ce qui est son « fonds de commerce », défense des droits civiques, une certaine idée de la comédie, le choc engendré par les dernières images du film donne une profondeur terrifiante à son propos. En effet, le film, traité comme une comédie loufoque dans laquelle Spike Lee embarque avec brio son spectateur, finit sur les images de la voiture fonçant dans la foule des manifestants antiracistes de Charlottesville et du discours de Trump qui s’ensuivit. Cet uppercut dévoile le sujet du film, l’écran disparaît et nous devons faire face à ce que nous croyions être une comédie mais qui est en fait une terrible tragédie.

On se refait alors le film dans sa tête, non plus pour rire de la bêtise des racistes et du bon tour que leur joue Ron, le policier noir ayant infiltré le Ku Klux Klan (incarné brillamment par John David Washington), mais pour craindre leur toxicité jusqu’au plus haut sommet de l’état. Après les avoir ridiculisés, le réalisateur peut mettre à nu leur dangerosité et leur capacité de nuisance réanimée par un président bienveillant à leur égard.

Au final, le meilleur Spike Lee depuis Malcolm X.

L.S.