Nous pourrions qualifier Charade de film policier romantique, à supposer que cet oxymore soit accepté dans le monde du polar. En effet, si l’on suit avec intérêt l’intrigue du film lors d‘un premier visionnage, on revoit ensuite Charade non pour son scénario, mais pour Audrey Hepburn et Cary Grant au sommet de leur art.

En effet, le jeu de dupes sur l’argent volé, les meurtres commis ou non, les disparitions et autres réapparitions, ne tiennent pas un instant face au jeu du chat et de la souris que pratiquent avec élégance le duo de stars du film.

Il ne faut pas oublier que le réalisateur de Charade Stanley Donen était le spécialiste de la comédie musicale au début des années 50 avec Un jour à New York en 1949 (un premier coup de maitre où il tourna pour la première fois des scènes de danse en extérieur) et surtout Chantons sous la pluie (1952) qui reste LA référence en la matière. Nous avons donc affaire à un sérieux client dont la notoriété lui permettra de réaliser de nombreux films à Hollywood avec plus ou moins de réussite. Il décide ainsi au début des années 60 de se tourner vers d’autres genres que la comédie musicale, continuant à diriger son acteur fétiche Cary Grant comme dans Ailleurs, l’herbe est plus verte et Charade , le sommet de sa carrière de réalisateur. Vous me direz, difficile de progresser quand on a atteint un tel sommet !

La réussite visuelle de Charade tient certainement à la réappropriation pour un film sentimental des mouvements de caméra expérimentés par Donen  dans le filmage des danseurs de la comédie musicale. Vous l’aurez donc compris, Charade est un chef d’œuvre, non par son histoire dont le spectateur ne se soucie guère, mais grâce à ses interprètes tous très bien dirigés par un cinéaste qui nous offre une mise en scène d’une élégance rare.

Ne ratez pas cette ressortie qui vous permettra d’admirer sur grand écran ce film empli de grâce et de séduction.

L.S.