Sage femme de Martin Provost est l’un des plus beaux films de l'année 2017.

Réalisé par le metteur en scène de Séraphine et de Violette, ce long-métrage met en scène une maïeuticienne, Claire Breton, qui voit ressurgir dans sa vie Béatrice Sobolevski, une femme qu’elle a connue intimement et avec qui elle s’est brouillée. Provost parvient à tirer d’un pitch particulièrement bateau, un film bouleversant et nostalgique. Grâce à une écriture très juste et deux héroïnes campées par deux actrices au sommet (Catherine Frot et Catherine Deneuve), le spectateur se laisse porter avec plaisir par les relations qui se nouent et se dénouent devant ses yeux. Le cinéaste nous donne à voir des moments de vie incroyable (la scène des diapos et du baiser est formidable) et signe un film fort à la mélancolie puissante.

Ce film est actuellement disponible sur UniversCiné à l'adresse : https://www.universcine.com/films/sage-femme

La critique :

Claire (touchante Catherine Frot), dévouée corps et âme à son métier de maïeuticienne, ne boit jamais une goutte d’alcool et élève seule un fils (le charismatique Quentin Dolmaire, le Paul Dédalus adolescent des Trois souvenirs de ma jeunesse) dont elle espère faire un brillant chirurgien. Aux antipodes, Brigitte (hilarante Catherine Deneuve), noceuse dans les milieux branchés des capitales d’ici ou d’ailleurs et joueuse de poker invétérée, compte bien boire le calice jusqu’à la lie après avoir consumé sa vie par les deux bouts sans jamais fonder de famille. N’en déplaise à La Fontaine, cette cigale et cette fourmi sont toutes deux des sages femmes, chacune à leur façon. Des femmes pas d’emblée aimées ou aimables mais qui, par leur détermination à suivre la ligne qu’elles se sont choisies, ont réussi par elles-mêmes, sans l’appui d’un père ou d’un mari, à devenir quelqu’un(e).

Après Violette où, à travers l’amitié de Simone de Beauvoir et Violette Leduc, il filmait déjà la rencontre possible de deux femmes par-delà leurs différences de classe sociale et de mode de vie, Martin Provost signe à nouveau un double portrait de femmes aux profils opposés. Plus discrètement mais à l’instar de Valérie Donzelli dans La guerre est déclarée, le réalisateur rend également hommage à l’hôpital public et au dévouement inconditionnel de ses ‘‘hussards blancs’’ au service de tous, film prémonitoire s'il en est.

Florine Lebris

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La bande-annonce :